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en russie communiste

Évidemment, les révolutions ne sont pas belles. C’est une utopie que d’y chercher une régénération des hommes à leur feu purificateur. Ils sont ici ce qu’ils sont partout et j’ai retrouvé leurs égoïsmes leurs duretés, leurs petitesses ; le sol tremble encore et pourrait bien les engloutir ; on dirait qu’ils ne s’en doutent même pas.

Quant à moi, je me sens comme une étrangère, aussi mon imagination franchissant les distances me transporte-t-elle à Paris. Là-bas, c’est la petite vie, ici aussi, décidément il n’y a rien qui vaille la peine en ce monde.

J’ai visité le palais impérial qui a été transformé en musée. Dans des vitrines, les vêtements des anciens tsars, leurs bijoux et leurs couronnes enrichies de diamants. On dit que ces diamants sont faux, je n’ai pas le moyen de le savoir.

Les vastes pièces sont très proprement tenues, les parquets soigneusement cirés. Seule une odeur insupportable de harengs grillés, la cuisine du concierge sans doute, jette le trouble ; elle rappelle que le peuple a pris possession du palais après en avoir chassé les empereurs.

Ce concierge, en dépit de ses harengs, doit être tsariste. Avec quel respect il ouvre les portes des appartements impériaux, avec quelle émotion il nomme et décrit les pièces du mobilier. Au contraire, lorsque nous passons devant les choses du