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en russie communiste

porte des fonctionnaires détestés. Un anarchiste me dit un soir qu’on a tiré sur l’autobus et qu’une balle l’a effleuré. Je suis porté à croire qu’il a mal vu, mais le lendemain, je constate qu’il y a un trou rond à l’une des vitres de l’autobus. Décidément, ce Moscou est plein de dangers.

Je profite de ce que les employés commencent à m’avoir « à la bonne » pour demander un « propuska » qui me permette de visiter le Kremlin.

J’avais bien des fois tourné autour de cette forteresse, mais je n’osais m’avancer jusqu’à la porte. C’est que je sentais ne pas peser lourd avec ma petite carte violette de pensionnaire de l’hôtel Luxe ; et j’avais la hantise d’être arrêtée et oubliée en prison.

Enfin, j’ai le bienheureux papier, et l’entolé qui, en sa qualité d’anarchiste, n’entre pas au Kremlin et n’a pas envie d’y entrer, émet en riant l’hypothèse que je pourrais bien ne pas revenir. Il tient à m’accompagner jusqu’à la porte et me dit un au revoir, ému. Au premier guichet, je montre mon « propuska », on me donne un papier rose et je franchis deux barrages de soldats ; me voilà dans la place.

Je passe sous la tour où se trouve la grosse horloge qui sonnait, dit-on, l’Internationale, au début de la Révolution.

Dans une rue à droite, la maison de Lounatcharsky, très originale, est peinte en vert, celle de