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en russie communiste

(pétrole brut) dont il a plusieurs bidons. Une camarade veut protester, mais l’homme répond que le naphte est à lui ; il l’a économisé ; Dieu veuille le croire.

Enfin, tard dans la soirée les pommes de terre et nous arrivons sans encombre à Moscou.

Munie d’une recommandation, je me rends un jour au commissariat de l’hygiène qui occupe un grand bâtiment dans une rue proche de la Tverskaia. L’édifice est incroyablement bondé d’employés ; c’est une véritable foule dans les escaliers aux heures de rentrée et de sortie.

J’attends pendant deux heures le docteur Kallina qui n’est pas encore rentré. Pour atténuer mon énervement je cause avec les dactylos ; il y en a deux qui savent le français. L’une est farouchement anticommuniste. Tout le mal, dit-elle, vient de ce qu’on n’a pas écouté les menchevicks ; on est allé trop loin et maintenant il faut revenir en arrière. Elle tape avec colère sur un tas de journaux empilés sur son bureau. Lorsqu’on lit cela, dit-elle, on croit que tout est très bien ; la vérité, vous l’avez sous les yeux, n’est-ce pas ? Et puis, continue-t-elle, quand on n’est pas de l’avis du Gouvernement, on vous arrête, on vous tue, même ; c’est la terreur.

Je m’étonne que sachant cela, elle puisse parler avec ce sang-gêne, devant une demi-douzaine de