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en russie communiste

secrète. Il s’agissait, me dit-on le lendemain, d’une affaire très grave. Des ingénieurs, employés à l’électrification de la Russie, ont saboté le travail. On les a arrêtés ; ils seront fusillés pour l’exemple.

On devient indulgent pour le désordre russe lorsqu’on voit combien le pays est rempli d’ennemis, à l’intérieur comme à l’extérieur. L’hostilité des classes moyennes, que l’on disait enrayée, ne l’est pas, tant s’en faut. Que d’intellectuels n’ont accepté de servir la Révolution que pour détruire son œuvre en détail.

Après des démarches multiples, j’ai pu me procurer un billet pour le « Soviet de Moscou ». Je suis juchée tout en haut dans une tribune ; on ne me fait pas honneur. Ce qui est plus fâcheux, c’est qu’à cette place, il n’y a autour de moi que des ouvriers qui ne savent pas un mot de français et que de cette façon je ne puis obtenir aucune explication.

Là non plus, pas de femmes sur l’estrade, seuls des hommes prennent la parole.

La tribune est d’abord occupée par un vieillard à barbe blanche ; j’apprends le lendemain que c’est un menchevik. Trotsky vient ensuite ; il est ovationné ; son discours porte sur la guerre éventuelle avec la Pologne qui est la question brûlante. Tout ce que je peux saisir, c’est que derrière la Pologne il y a la France. C’est la France qui