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mon voyage aventureux

aux femmes qui restent dans rétablissement et font des travaux de couture.

J’ai l’indignation de Tartarin de Tarascon lorsqu’on lui proposa de prendre l’ascenseur.

Moi coudre ? Ah ! non par exemple !

Je ne suis pas venue à Moscou pour travailler dans un ouvroir. La couture, c’est le symbole de l’esclavage féminin.

C’est ce que je pense, mais ce n’est pas ce que je dis. D’abord parce qu’il faudrait le dire en allemand, ce dont je me sens incapable. Ensuite parce que j’ai l’impression qu’on ne me comprendrait pas.

Je me contente donc de dire que je préfère aller travailler avec les camarades hommes ; il y a là les deux anarchistes, l’ambassadeur in partibus de la Hongrie, un homme très aimable, Landrieux, de l’Humanité ; je suis en pays de connaissances.

— Mais, c’est un acte d’indiscipline, me répond-t-on.

— Je m’en… moque ; je ne suis pas d’ici, d’ailleurs, si j’étais d’ici, ce serait la même chose.

Nous voilà donc repartis.

Un bataillon de l’armée rouge nous précède ; une, deux… une, deux… en avant… arche ! Je m’imagine un moment que nous irons ainsi jusqu’à Paris.

Nous arrivons à une gare. C’est là qu’est la be-