Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
en russie communiste

aux autres, comme cela a lieu dans l’Afrique centrale ; on reviendrait à l’état sauvage.

Je trouve un appui à cette conception pessimiste dans l’exemple d’un ouvrier français avec qui je cause quelquefois. C’est un vieux militant, il possède une certaine culture communiste ; eh bien, il blâme l’institution de l’Université Tsverlof ; il trouve qu’elle est contraire à l’égalité et que les ouvriers étudiants qui la peuplent sont entretenus à ne rien faire par les Soviets. Leur place, dit-il, serait mieux à l’atelier. Que des hommes de cette mentalité aient le pouvoir de décider et c’en sera bientôt fait de toute culture intellectuelle.

Les anarchistes sont nombreux en Russie : c’est l’effet de la race, car l’anarchie est un tempérament beaucoup plus qu’un parti politique. En général, les anarchistes sont courageux, aussi étaient-ils aux premiers rangs dans les batailles de la rue ; beaucoup y ont laissé leur vie.

Maintenant ils sont persécutés par le Gouvernement communiste à la victoire duquel ils ont contribué ; il y en a beaucoup en prison et on en a fusillé un certain nombre.

Cela a quelque chose de navrant. Les raisons de cette attitude abominable se comprennent ; il faut mettre hors d’état de nuire à l’œuvre communiste ces éléments dissolvants qui se dressent en adversaires de tout ce qui n’est pas l’anarchie. On doit se rapporter à la phrase de Napoléon : « La