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mon voyage aventureux

semblent ne s’intéresser que peu aux étrangers de passage.

Un Arménien qui parle français attire mon attention. Ses conversations sur des sujets philosophiques l’on fait surnommer Aristote. Je m’approche d’Aristote avec sympathie et d’autant mieux qu’il soutient seul le féminisme contre mes deux camarades anarchistes qui conservent à l’égard de la femme tous les préjugés des bourgeois.

Malheureusement Aristote est terriblement superficiel et avec cela vaguement occultiste. La science en général et la médecine en particulier lui paraissent entachées d’erreur. La vérité, il la trouve dans les histoires abracadabrantes qu’il raconte ; des chiens qui avaient eu le ventre ouvert et dont les entrailles traînaient par terre ont guéri tout seuls : les entrailles sont rentrées, le ventre s’est refermé. Cela montre la supériorité de la nature sur la science humaine. Les animaux, ajoute-t-il, se guérissent mieux et vivent plus longtemps que les hommes, parce qu’ils n’ont pas de médecins.

… Je veux tout d’abord discuter, mais je vois vite que c’est inutile : Aristote ne mérite pas son nom : il n’est qu’un rêveur incapable d’une argumentation sérieuse. Je l’écoute quelque temps comme un spécimen curieux ; mais j’en ai vite assez, il dit trop de bêtises. D’ailleurs, il reçoit