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en russie communiste

tats qui sont fréquents. On m’a montré l’ancienne résidence du « Komintern », il n’en reste que les murs branlants ; les anarchistes l’ont fait sauter avec une bombe ; il y a eu une douzaine de morts.

Tous ces « propuska » constituent pour moi la chose la plus insupportable. Je passerai encore sur la mauvaise nourriture, l’inconfort. Mais ces démarches continuelles auprès de bureaucrates hargneux m’exaspèrent au suprême degré ; ils me feraient prendre le communisme en horreur.

À Paris pendant la guerre j’avais enduré quelque chose d’approchant. Pour avoir une carte de charbon il me fallait subir de la part des employés de la mairie de mon arrondissement un interrogatoire en règle. Depuis combien de temps êtes-vous dans cette maison ? Où étiez vous avant ? Et la préposée, se faisant de son rôle une très haute idée, prenait le ton fatal d’un juge d’instruction qui s’efforce d’établir la preuve de votre crime. Cela ne m’est arrivé qu’une fois ; j’ai préféré plutôt que revenir comparaître me passer de carte de charbon et employer le système D.

Tout le monde se récrie contre la bureaucratie. C’est une injure d’être appelé bureaucrate, cela équivaut à peu près à contre-révolutionnaire.

Dans ses ouvrages Lénine se montre désolé de cette invasion de scribes, mais il ne sait pas comment en débarrasser la Russie.