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mon voyage aventureux

demie. La salle n’est pas chauffée, on grelotte (nitchevo) cela ne fait rien.

À défaut de leçons de révolution on peut, en Russie, faire tout un cours de patience. Que de temps perdu à attendre le train, le tramway, la personne qui vous a donné rendez-vous et qui ne vient pas ! Le temps ne compte pas ici, comme dans tous les pays arriérés.

Je réussis après bien des démarches à voir quelques usines. La production est tombée à un rendement très bas. L’ouvrier est loin d’avoir la mentalité qu’il faudrait pour que des ateliers communistes puissent prospérer.

Les moteurs basés sur l’égoïsme individuel n’étant plus, l’ouvrier travaille le moins possible. Il se rend à l’atelier soviétique à l’heure de la soupe, il signe la feuille de présence et file par une porte dérobée, non sans avoir chapardé un peu de matière première, avec laquelle il confectionnera chez lui des objets qu’il ira vendre au marché. Avec des chambres à air d’automobiles, il fabrique des bretelles, des jarretières, etc, sans le moindre souci du mal qu’il fait dans un pays si démuni.

Une usine de robinets pour locomotives que je vais voir un matin, me paraît fonctionner assez bien, elle est en voie de croissance, j’assiste à la fusion du cuivre dans des cubilots de système primitif. Dans un coin de l’usine, je vois deux