Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
en russie communiste

été ces dernières, il ne faut cependant pas trop en médire. Elles ont donné le goût de la culture intellectuelle à nombre d’ouvriers. Ils ont acquis, grâce à leur impulsion, une instruction qui, si incomplète soit-elle, vaut mieux que rien. Il faut laisser aux réactionnaires le soin de médire des demi-savants ; un demi-savant vaut mieux qu’un ignorant, alors même qu’il tire de sa demi-science un orgueil excessif.

Les bolchevistes sont les premiers gouvernants qui veulent sérieusement mettre le peuple au niveau des classes cultivées, ils ont commencé cette grande œuvre.

À cette œuvre ils ont été, à vrai dire, poussés par la nécessité impérieuse. Devant la défection des intellectuels, il a fallu que le prolétariat pourvoie à tout, et les chefs ont vite senti son insuffisance.

Le type des établissements d’instruction populaire est l’Université Sverlof, je suis allée la voir un matin.

Elle occupe plusieurs bâtiments à Moscou. Le principal est un édifice de style allemand qui appartenait, avant la révolution, au Cercle des Marchands. L’installation est magnifique : escaliers de marbres rehaussés de dorures, lampadaires luxueux. Au plafond de ce qui est maintenant la salle de lecture, des cartes à jouer peintes, indiquent l’ancienne destination du lieu.