viennent me contester le droit aux délices de la capoue soviétique.
L’un, a l’air terrible avec sa grande barbe et ses grosses lunettes ; l’autre est plus aimable. Ils s’installent en maîtres sur mon canapé déploient sur ma table un immense registre. L’homme barbu me toise sans bienveillance. Serait-ce cette fois là W. Tchéka ?
— Que faites-vous ici ?
Je suis tout à fait abasourdie par la question. Ce que je fais. Mais ne le sait-on pas encore. Je réponds que le journal français « La voix des Femmes » m’a déléguée pour… Il ne me laisse pas achever.
— Déléguée à quoi ?
Je me rappelle ce que m’a dit Souvarine des bureaucrates et je me dis qu’il faut répondre n’importe quoi, pourvu que cela soit précis.
— Je suis déléguée à la Conférence des femmes.
— Mais elle est finie, cette conférence. À quoi servez-vous ici, vous ne travaillez pas.
— Comment pourrai-je travailler, il y a seulement huit jours que je suis à Moscou.
— Alors on travaille pour vous ?
Je me rebiffe :
— Avec cela que je n’ai pas travaillé pour la Russie. Je ne parle que d’elle à Paris, dans ma propagande.