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mon voyage aventureux

nisme, ils deviendront d’autres hommes, même ceux qui ne vont pas jusqu’à la fin des études, car il leur restera tout de même quelque chose de la culture reçue.

Mon guide se plaint du blocus : « On ne sait pas ici ce qui s’est fait en France dans la chimie depuis 1914. »

Je le remercie pour le dérangement et passe dans une autre section. Il y a de fort beaux appareils, mais ils sont recouverts de toile, rien ne fonctionne. Une jeune fille me fait les honneurs de l’établissement. Elle est très anticommuniste.

L’institut, me dit-elle, a refusé catégoriquement de recevoir les ouvriers et, pour les éloigner plus sûrement, on exige pour l’inscription la connaissance de quatre langues européennes. Ces langues dit-elle, sont nécessaires pour étudier les ouvrages traitant de notre spécialité.

Un assistant me montre son laboratoire. J’ai publié dans ma jeunesse quelques travaux de la science qui l’occupe. J’ai le plaisir de constater qu’il les connaît.

La mère de la jeune fille vient aussi à moi : elle se laisse aller à sa colère contre le régime. Mais elle, a un peu peur ; elle comprend que si je puis visiter la Russie, c’est que je suis bolchevique, elle craint une dénonciation. Je la rassure. Certainement je suis bolchevique, mais ce n’est pas une raison pour dénoncer quelques personnes isolées