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mon voyage aventureux

un « ia nie snaiou » (je ne sais pas), dur et sec est tout ce qu’on obtient.

La cour, très vaste, est occupée par un petit square. Sur un banc une jeune fille, sans doute une étudiante, lit un livre ? je prends place à côté d’elle.

Elle ne sait pas le français, mais elle sait l’allemand ; j’engage la conversation ; « On est en septembre, les cours ne sont commencés, me dit la jeune étudiante, mais, si vous vous intéressez à la chimie, les laboratoires sont ouverts ; je vais vous y conduire. »

Nous traversons de vastes salles abandonnées. Dans quelques-unes, d’énormes bancs de classe sont dans un coin entassés les uns sur les uns sur les autres en un désordre inexprimable. Je comprends que cette qualité de savoir mettre chaque chose à sa place, que je croyais si simple et que je méprisais même, comme dénotant la mesquinerie du caractère, est l’effet de la civilisation et que les pays arriérés, comme la Russie, ne la possèdent pas encore.

Nous arrivons à la section de chimie, un assistant me reçoit, il parle français et veut bien me montrer les laboratoires. Voici d’abord l’amphithéâtre des cours ; il rappelle nos facultés de province. Près de la chaire, est un petit poêle de fortune, en briques de construction : « C’est avec ce poêle que nous chauffons l’hiver, me dit l’assistant.