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mon voyage aventureux

surmontée d’un drapeau rouge ; c’est là, m’a-t-on dit, que travaille Lénine.

J’évoque les générations de princes et de princesses chamarrés de titres couverts de soie et de diamants qui évoluaient autrefois à l’intérieur de ces palais. Ils étaient des hommes et des femmes comme les autres, ni plus intelligents ni meilleurs. Leurs ancêtres, gens d’audace et de peu de scrupules, s’étaient imposés aux masses populaires. La sottise, l’ignorance quasi animale de ces masses avaient fait accepter leur domination ; les siècles à travers des tueries sans nombre, avaient transformé les descendants en une surhumanité fictive.

En de pauvres chambres éparses dans toutes les grandes villes du monde, des gens, vêtus d’habits usagés, chaussés de bottines éculées, étudiaient, écrivaient pour forger les théories de transformation sociale. Ils correspondaient entre eux, formaient des sociétés que défaisaient, à mesure, la rivalité, l’égoïsme de la trahison. Des enthousiastes perpétraient l’attentat terroriste et dévouaient leur vie au lointain avenir.

Enfin, les temps sont venus et l’héritier de toutes ces générations de conspirateurs est maintenant dans ce palais qu’ont abandonné pour l’exil ou la mort les princes épouvantés.

À lui, les vastes salles aux murs dorés où se prosternait la foule des nobles ; à lui les richesses,