Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
en russie communiste

communisme est l’œuvre d’une infime minorité de militants qui a réussi à s’imposer à ces masses amorphes à la faveur de la guerre. La révolution russe est le résultat d’une conspiration blanquiste qui a réussi, grâce à la situation spéciale.

Au fond toutes les révolutions ne sont que cela et on peut suspecter la sincérité révolutionnaire de ceux qui prétendent qu’il faut avoir la majorité pour transformer la société. La majorité, on ne l’a jamais. La masse a toujours été et sera longtemps encore la pâte amorphe bonne seulement à recevoir la forme qu’un petit nombre de gens intelligents et audacieux voudront bien lui donner.

Faut-il voir dans cette incommensurable ignorance du peuple russe un présage de défaite révolutionnaire ? Nullement Ce peuple a subi le tsarisme ; c’est-à-dire une minorité d’aristocrates ; pourquoi ne subirait-il pas les bolchevistes. Que les communistes obtiennent la paix des nations capitalistes ; qu’ils finissent par arriver à donner à manger à tout ce monde ; ils seront solides. Et, alors que les gens du tsarisme ne songeaient qu’à jouir personnellement, les bolchevistes peu à peu décrasseront ce peuple.

J’erre le long des quais déserts de la Moskova. En face de moi, dans l’enceinte du Kremlin, se dresse, au milieu d’un fouillis de clochetons, l’ancien palais des Tsars. En arrière, une coupole