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mon voyage aventureux

tionnaires ; simples voleurs ? Il y a malheureusement beaucoup d’enfants. Ce sont « des spéculants » qui vendent dans les rues des cigarettes, des allumettes, des pommes. Leur état ne paraît pas les impressionner beaucoup ; ils rient, interpellent les passants.

La place du théâtre est presque occidentale avec ses jardins pourvus de bancs hospitaliers, les mères viennent là promener leurs enfants ; elles sont convenablement vêtues, coiffées de chapeaux ; les enfants aussi ; c’est presque notre Luxembourg.

Dans les carrefours ; des chapelles ; il y en a de minuscules, qui du dehors rappellent la croix mise à part, les bureaux d’omnibus parisiens. Les murs intérieurs sont entièrement garnis d’icones en argent doré, protégées par des verres. À une petite hauteur au-dessus du sol les glaces sont recouvertes d’une couche épaisse de crasse. C’est le résidu laissé par les baisers dévots des milliers de fidèles. Et tout le long du jour des gens entrent ; ils s’agenouillent et posent leurs lèvres sur cette crasse dégoûtante. Ce spectacle me fait faire de singulières réflexions, sur l’état de civilisation de la Russie.

Qu’est-ce que de pareilles gens peuvent comprendre au communisme. Quand nos ouvriers français qui leur sont heureusement supérieurs ne le comprennent pas. Je vois la situation ; le