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fait de l’amour une véritable duperie pour la femme. Par elle, la femme cesse d’être un individu conscient de sa dignité, pour tomber aux dégradations de la fille séduite. Esclave implorante, elle poursuit l’homme qui la délaisse ; elle lui demande pitié comme une vaincue.

Plus tard, lorsque l’émancipation économique sera complète, être mère ne sera pas nécessairement une calamité pour la femme non mariée. La grossesse est pénible, l’accouchement est douloureux ; mais après on a l’enfant, qui est une source de plaisirs. La passion satisfaite, l’homme demeure seul (post coïto animal triste) ; la femme a l’enfant qui est, de par les joies qu’il lui donne, comme la récompense de ses douleurs. L’enfant n’a rien à donner, il demande tout au contraire ; mais en se dépensant pour lui, la femme gagne au lieu de perdre. Devant son enfant, elle se sent des responsabilités ; la protection dont elle le couvre lui procure des joies en quelque sorte viriles. En veillant sans cesse sur lui, la femme s’oublie elle-même et c’est un bien. Les malaises multiples sur lesquels elle s’appesantissait autrefois sont comme envolés ; elle est plus forte.

Mais alors même que le salaire de la femme lui permettrait d’élever seule un ou deux enfants, la