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moins à un rang égal. L’ouvrier d’élite n’a pas, sauf les cas exceptionnels, cette préoccupation de l’éducation ; mais il veut pouvoir jouir d’un bien-être relatif. M. Bertillon prétend, dans son livre récent sur la dépopulation, que le grand nombre d’enfants n’est pas une cause de misère. C’est une erreur, la plus simple arithmétique montre qu’il faut moins d’argent pour nourrir trois personnes que pour en nourrir six, et l’observation des milieux ouvriers montre l’aisance relative partout où la fécondité est limitée et la misère partout où l’on a beaucoup d’enfants. Un ménage ouvrier de un ou deux enfants a, en moyenne, deux pièces propres, un mobilier confortable, des vêtements, du linge, une nourriture suffisante ; il paie son loyer, n’a pas de dettes et fait même des économies. L’ouvrier prolifique est logé dans un taudis ; faute de pouvoir payer, il déménage tous les termes, ou croupit dans la saleté, et le salaire ne suffisant pas, le ménage a recours constamment à la charité publique ou privée.

Les prolétaires à nombreux enfants sont des demi-mendiants ; la femme va solliciter aux mairies, dans les institutions religieuses de charité. Pour se faire payer un terme, elle feint la dévo-