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sembleraient désigner pour des travaux plus pénibles. Il paraît que les dames achètent plus volontiers au jeune homme aimable qui introduit délicatement leur main dans un gant qu’à une jeune fille préposée à ce même travail ; effet du « sexe appel ».

Qu’il y ait égalité absolue entre les sexes à l’égard du travail, on ne saurait l’affirmer. La faiblesse de la femme a été exagérée. Aujourd’hui les femmes montent en avion et volent quarante heures sans descendre, nombre de femmes nagent très bien, font de la course, de la bicyclette, de l’automobile, etc. Les sports et la culture physique ont fait que la jeune fille n’est plus cette fleur délicate que la moindre fatigue faisait faner. Il n’est plus de bon ton, pour une jeune fille, de s’évanouir à la moindre émotion.

La femme cependant n’est pas l’égale de l’homme en force musculaire. Mais cela ne peut l’éliminer que des rares professions exceptionnellement dures, comme celle de terrassier, par exemple. L’homme est loin de donner toute sa force dans le travail.

On a argué aussi de la faiblesse des femmes pour les bannir du travail général. Le travail continu causerait l’anémie, ferait naître des enfants rachitiques, etc.

Cette argumentation vient des hommes à l’esprit attardé qui voudraient maintenir la femme dans la dépendance maritale.

Le travail quotidien, surtout lorsqu’il est par trop prolongé, n’arrange personne. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à assister à un défilé d’ouvriers se rendant à une manifestation, visages ravagés avant l’âge, corps déjetés. Un défilé de bourgeois a un aspect tout différent.

À l’argument tiré de la protection de la race, je répondrai que la femme n’est pas une jument poulinière et que toute sa vie ne saurait être subordonnée à deux ou trois grossesses, pendant lesquelles elle pourra prendre quelque repos.

Il ne faut pas d’ailleurs oublier que la femme entretenue au foyer, travaille et d’un travail fatigant. Une mère de deux ou trois petits enfants besogne du matin au soir. Une masse de linge à laver, des soins de propreté de tous les