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séparés qu’autrefois et le mariage est plus facile. C’est au bureau, à l’atelier qu’on fait connaissance.

Le mariage il est vrai est moins durable. On ne se marie plus guère pour la vie. Le divorce permet de reprendre une liberté engagée à la légère. Faut-il le déplorer, nullement.

Le ménage d’autrefois n’était qu’une façade. Aux yeux du monde il présentait un couple uni sinon par l’amour, du moins par l’affection. En réalité les époux très souvent loin de s’aimer se détestaient ; l’homme avait des maîtresses et la femme rongeant son frein, supportait un foyer qui lui était odieux parce que ce foyer la faisait vivre.

La femme indépendante économiquement rompt plus facilement une union qui ne lui donne que du malheur. C’est un bien et non un mal. Rien ne doit obliger l’individu à vivre une vie qui lui déplait.

L’idée de la concurrence que les femmes font aux hommes dans le travail n’est que l’expression d’un égoïsme mesquin. La femme a besoin de manger et doit pouvoir le faire autrement que par la prostitution.

La guerre nous a montré que la distinction des métiers en masculins et en féminins tenait de l’usage et non de la nature. Les femmes ont montré qu’elles pouvaient conduire des tramways, porter des sacs de charbon, bâtir des maisons, etc.

On objectera qu’il n’est pas séant à une femme de montrer un visage noirci par le charbon ou blanchi par le plâtre. Si l’on pense ainsi c’est parce qu’on ne veut pas renoncer à voir en la femme l’esclave sexuelle, toujours préoccupée de plaire. Mieux vaudrait pour l’homme comme pour la femme ne pas être sali par le travail, mais la femme n’est pas plus diminuée que l’homme.

D’ailleurs nombre d’hommes font des travaux que leur délicatesse ferait plutôt ranger dans les spécialités féminines ; les coiffeurs de dames, les employés de magasins qui mesurent la soie et la dentelle, essayent les gants, etc.

C’est paraît-il dans un but sexuel que l’on a placé derrière les comptoirs ces jeunes hommes que leurs épaules carrées