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soustraire. Maintenant les moyens lui sont connus, on peut donc prédire que les maternités nombreuses ne reviendront jamais.

Les besoins se sont accrus. Autrefois l’ouvrier ne voyageait jamais et le petit bourgeois se payait rarement le luxe de vacances au bord de la mer. Les journaux satiriques pouvaient railler le ménage plus prétentieux qu’argenté qui fermait ses volets pour faire croire qu’il était parti.

Cela est bien périmé aujourd’hui. Qui ne s’en va pas ? La vendeuse de magasin, le petit boutiquier prennent leur quinzaine ou leur mois de vacances. L’ouvrier réclame des vacances payées qu’il a d’ailleurs dans certains établissements. C’est au point que les riches, offusqués de voir les gens de rien les imiter dans leurs déplacements, envisagent l’idée de rester chez eux, trouvant que, pendant l’été, on est aussi bien à Paris qu’ailleurs.



III


Que la femme ait comme l’homme le droit de vivre en travaillant, cela est de l’élémentaire justice. La vie dans la dépendance d’un homme ne saurait lui être imposée. Cet homme, la femme le prendra ; c’est un besoin de la nature, mais elle ne doit pas y être contrainte par des nécessités économiques. Le fameux dilemme de Proudhon : ménagère ou courtisane ne pouvait être défendu que par un homme qui voulait borner la liberté à la moitié mâle de la population.

Dans une société rationnelle tout individu quel que soit son sexe, doit trouver automatiquement contre du travail son existence assurée.

La lutte des sexes doit disparaître comme toutes les autres. Les groupes humains se sont entredéchirés depuis l’origine de l’humanité ; chaque groupe voulait se réserver le bien-être et en priver les autres. Lutte des peuples, lutte des classes.

La lutte des sexes se voit moins parce qu’elle est plus sournoise ; elle n’en est pas moins générale.

La rationalisation sociale supprime la lutte pour l’existence, elle admet que tout homme, toute femme, tout enfant a le droit de vivre.