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aussi pour elles demi-couvents dont les béguinages de la Belgique sont les restes.

Vie de dépendance et de malheur. Les parents de petite bourgeoisie acceptaient par devoir de prendre à leur charge la veuve ou la vieille fille ; mais le pain de la charité est toujours dur. Les reproches, les humiliations, les railleries ne manquaient pas à la « bouche inutile » qui s’emplissait aux dépens des autres.

La condition de la femmes en puissance d’homme pour être régulière était loin d’être toujours heureuse. Le chien est heureux lorsqu’il a un bon maître qui lui donne avec des caresses d’excellentes pâtées. Mais le maître n’est pas toujours bon ; il y en a dont la main, armée du fouet, est plus portée à frapper qu’à caresser.

Pour la femme il en était de même (mutatis mutandis). Le chien ne parle pas et la femme parle, cela lui a servi dans bien des cas à améliorer son sort. Quand on parle on peut mentir, on peut ruser, on peut circonvenir un maître naïf ou aveuglé par la passion. Alors il arrive que les rôles soient renversés ; le maître devient l’esclave.

« Qui donc commande quand il aime
« Et quel empire reste au cœur
« Où l’amour met son pied vainqueur ».

Une des raisons qui rend difficile l’affranchissement féminin est que l’esclavage de la femme est spécial ; c’est un esclavage sexuel.

Or, le sexe est très puissant, Freud a montré qu’il est encore plus puissant qu’on ne croyait. En jouant de son sexe comme d’un appât qu’on promet, qu’on refuse, qu’on donne et qu’on retire : la femme peut beaucoup et elle le sait bien. Il arrive même qu’elle ne sache que cela, tout le reste, pour elle, étant accessoire. Ensorcelé, l’homme donne son argent quand il en a, son influence, son honneur, etc… Et Nana lui danse sur le ventre.

Mais Nana est jeune et belle ; on n’est pas toujours jeune et la plupart des femmes ne sont jamais belles. L’amour ne dure pas toujours, comme on le répète à satiété. Autant le maître a été empressé et charmant, autant il est indifférent et dur. La femelle est devenue pour son mâle un être qui ne lui dit plus rien. S’il est marié l’homme