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bien que son vœu demeurera platonique. Il est certainement en France plusieurs milliers de femmes qui désirent leurs droits politiques, mais comme elles sont dispersées leur opinion est noyée dans la majorité des hostiles et des indifférentes. Que l’on réussisse à grouper ensemble toutes ces femmes, l’aspect de la question sera modifié du tout au tout ; ce qui apparaissait comme négligeable deviendra la force avec laquelle on compte. Dix mille femmes battant les portes de la Chambre en réclamant le droit de vote hâteraient singulièrement sa réalisation.

Trop souvent les féministes ne se pénètrent pas assez de la nécessité du groupement. Qu’irais-je apprendre, pensent-elles, dans une société de plus que je ne sais. De l’égalité intellectuelle des sexes, de la nécessité de l’émancipation politique des femmes j’en suis tout aussi profondément convaincue que pourraient l’être les oratrices qui m’en parleraient, à quoi bon donc perdre mon temps.

Le point de vue est totalement faux ; il est certain que la femme qui est déjà féministe ne trouvera au groupe ni distraction, ni instruction mais elle doit y aller pour renforcer l’idée de sa parole ou de sa plume si elle est capable de parler ou d’écrire, de sa pré-