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la femme en lutte pour ses droits

la féminité ; c’est-à-dire la faiblesse éclate dans toutes leurs conceptions. Tel un oiseau, qui, né en cage n’aurait même pas l’idée de la vie libre ; la femme ne se conçoit pas hors du gynécée ; dans ses espoirs les plus hardis, elle ne vise qu’à le rendre habitable, alors qu’il faudrait y porter la hache et la flamme.

S’imagine-t-on un mari salariant sa femme pour l’entretien de la maison ? Un tel état de choses aurait, il est vrai, certains avantages ; ou serait mieux compris lorsqu’on montrerait que la femme est la servante de l’homme. Au pratique, dans un ménage uni, l’idée même de tels rapports entre les époux est absurde et si le ménage est brouillé, le salaire de la ménagère ne lui sera pas plus payé que ne lui est versée la pension alimentaire prescrite en cas de séparation par les lois existantes.

Je sais bien que certaines visent dans la réforme à un effet moral ; la femme plus appréciée, son travail compté comme valeur ; mais cet effet ne sera pas atteint. Pour être appréciée, il faut que la femme travaille pour son propre compte, qu’elle apporte au ménage, non la réparation d’un gilet de flanelle, mais de l’argent. C’est l’ouvrière, l’employée, la fonctionnaire qui seront prises en considération.