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la femme en lutte pour ses droits

caractère confus de l’ensemble des revendications féministes. Mal mariées, les unes subordonneront tout à la réforme de Code civil ; séduites et abandonnées, les autres borneront leur féminisme à vitupérer ce qu’elles appellent la lâcheté des hommes ; déchues de leur rang social par leur veuvage, d’autres encore croient que tout serait gagné si les veuves étaient mieux protégées. Même dans ses conceptions les plus larges, la femme est obsédée par l’homme, l’idée lui vient parfois de l’asservir, mais presque jamais de s’en séparer. Toujours elle reste la ménagère, c’est ainsi qu’elle se complaît à rêver au matriarcat, dont elle fait l’âge d’or de son sexe. Alors la femme était reine dans sa maison, elle donnait son nom aux enfants, décidait sur tout dans le ménage ; le rôle de l’homme se bornait à travailler au dehors et à lui apporter le produit de sa chasse et de sa pèche.

Il faut donc ressusciter ces temps bénis ; aussi les plus hardies, prises d’un bel élan d’apostolat, surmontent leurs répugnances féminines. Se frayant tant bien que mal un passage à travers les vestons graisseux, elles montent à la tribune des réunions publiques et demandent à la foule étonnée le rétablissement du matriarcat. L’auditoire pensait à la séparation,