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la femme en lutte pour ses droits

Tous ces sentiments et ces désirs se formulent plus ou moins nettement dans l’esprit de bon nombre de féministes et ce sont eux qui se traduisent par ce qu’elles nomment leur volonté de rester femmes, tout en demandant l’égalité des sexes. Pour rester femmes, elles continuent à se montrer dans les soirées les bras et la poitrine nus, le visage poudré et les cheveux ornés de fleurs. Dans ce déshabillé elles entretiennent les hommes de l’injustice que la société fait à leur sexe, elles réclament le droit de vote, demandent à être députés et professeurs. Par la pensée, l’auditeur masculin transporte ces belles épaules à la tribune du parlement, il se dit qu’alors il y aurait chance pour que les députés de son sexe s’occupassent beaucoup plus des charmes de la belle oratrice que de la valeur de ses arguments. Revenant à la réalité, il pense qu’après tout la personne n’est pas mal et que, la mode étant aujourd’hui de flirter en parlant fémi-

    l’échelle sociale, du seul moyen qui lui est offert : la prostitution.

    Mais une femme éclairée et instruite, une féministe surtout qui réclame pour la femme l’égalité sociale, ne doit pas demander sa subsistance à son sexe, car en le faisant, elle attire sur ses idées la dépréciation que la sociétén attache à sa personne. La vie de demi-mondaine demande à la dignité des sacrifices qui sont incompatibles avec la place que doit prendre dans l’esprit public une femme qui se pose en réformatrice de la société.