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mais bien autant de petits tyrans qu’il y a de seigneurs ou de brigands embusqués dans leurs châteaux ; le monde est couvert de ruines, et la place des anciennes villes saccagées ou par les Normands ou par les guerres civiles est marquée de décombres et de ronces. On ne cultive plus, la famine revient tous les deux ans et fait des raffles énormes sur les populations désarmées. Il semble que la vieillesse du monde, l’horreur et le tumulte des catastrophes, l’épouvante continue du massacre et des incendies, aient hébété et obscurci toutes les cervelles.

Tout est chancelant, laid et éphémère. Les savants du temps, les moines, bégayent sous prétexte de théologie ou de philosophie des coq-à-l’âne subtils et niais, en latin farci de solécismes. Les secrets des métiers se perdent, on ne sait plus rien faire, le moindre objet est maladroit et grossier. Les monuments même qu’on élève, églises