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Certes si j’avais eu le choix de mon contradicteur, je l’aurais cherché de préférence dans les rangs de nos adversaires. Entre eux et nous, en effet, il n’y a de commun que le sol qui nous porte tous en ce moment ; et nous devons lutter jusqu’à ce que le siècle ait englouti les dernières superstitions du passé.

Mais Lamartine est un des nôtres et un des plus grands, le plus grand par le nom, par le rayonnement de la pensée. Le souvenir de ce qu’il a fait l’entoure en quelque sorte d’une atmosphère d’inviolabilité. Pour ma part je lui ai dressé depuis longtemps un autel dans ma sympathie. Je lis toujours sur son front : Noli me tangere.

C’est donc avec une profonde défiance que j’ai osé le prendre à partie dans cette question du progrès. Mais si haut que soit un homme dans notre respect, pouvons-nous cependant lui sacrifier ce que nous regardons comme la vérité ? N’avons-nous pas passé un contrat à la vie à la mort avec notre conviction, et ne devons-nous