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de la grande, alchimie ; d’autres enfin obtenues par la simple pression du terrain : les marbres, les métaux, les pierres précieuses, les houilles enfin ; provisions prophétiques appelées un jour à remonter à la surface du globe pour l’usage de la civilisation.

Après avoir refait le soubassement de la vie terrestre sur un nouveau plan, la nature naturante, comme disait autrefois la philosophie, reprend en sous-œuvre la végétation, et cette fois-ci répand abondamment dans l’espace des milliers et des milliers de plantes, isolées, sociales, diverses de formes, variées d’attitudes, plus riches les unes que les autres d’organes et de fonctions. Elles fleurissent, elles fructifient, c’est-à-dire que, lorsqu’elles renouvellent leur pacte avec la durée, par la régénération, elles revêtent des robes de fête et répandent des parfums comme pour célébrer dignement cette minute solennelle de leur existence. Elles trahissent parfois même un instinct secret et simulent la sensibilité. Telle au moment de la fécondation vient du fond de l’eau chercher à la surface le rayon de soleil ; telle autre, le figuier religieux, par exemple, sorte de polype végétal et d’arbre voyageur, essaye de branche en branche replantée par l’extrémité, et d’arche en arche, comme une prise de possession de l’espace.

L’animal vient relayer le végétal à cette frontière. C’est d’abord le polype, bâtard des deux règnes en quelque sorte, puis le poisson, puis le reptile, puis le mammifère, puis l’innombrable faune de