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vie, que lorsque après cela vous me reprochez de rêver, je crois rêver en effet ; et que lorsque vous m’interpellez par le nom de ma croyance, je retourne involontairement la tête pour chercher dans la foule à qui vous parlez en ce moment.

Vous reprochez en bloc aux hommes de progrès d’avoir fabriqué un système uniquement d’abord pour reléguer Dieu dans l’abîme de l’abstraction et de l’inertie et ensuite pour le rendre absurde en le faisant progressif, c’est-à-dire soumis à la condition de passage, conséquemment de limite, et de confondre ainsi le fini avec l’infini, le temps avec l’éternel.

Bien que l’accusation tombe d’elle-même par sa contradiction, car nous ne saurions, en conscience, avoir la prétention de condamner Dieu en même temps à l’inertie par l’abstraction, et au mouvement par le progrès, — je déclare ici hautement que, loin de confondre pour mon propre compte le fini avec l’infini, j’ai toujours protesté contre une pareille confusion d’idées, et que loin de séparer la créature du Créateur, j’ai toujours voulu, au contraire, les rapprocher de plus en plus par le dogme de la perfectibilité ; car où donc irait la perfectibilité, si elle n’allait du côté de la perfection ?

Notre Dieu est un Dieu borné, dites-vous, et par conséquent absurde ; mais voici la réponse que je faisais le premier à cette absurdité dans la Profession de foi du dix-neuvième siècle :