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quent le tromper avec avantage, que son secret devient le secret de la comédie, et qu’il a menti uniquement pour le plaisir de mentir.

Mais si l’instinct de Dieu nous a joués une première fois dans la question du progrès, si, en nous excitant à nous dévouer à l’amélioration de l’espèce, il nous a induits à jeter notre dévouement à fonds perdu et à tirer en quelque sorte sur l’avenir une lettre de change protestée d’avance, qui me dit que ce même instinct de Dieu ne me persiffle pas encore charitablement, par la même raison que tout à l’heure, lorsqu’il ouvre à mon esprit la perspective de l’immortalité ? Quelle preuve puis-je avoir désormais de sa véracité, après l’avoir surpris en flagrant délit de déception ? Pourquoi tiendrait-il plus sa parole là-haut à un individu qu’ici-bas à l’espèce humaine tout entière ? La colombe divine envoyée au-devant de l’avenir a deux ailes pour aller chercher le rameau d’olivier. Si vous en brisez une, ne comptez plus sur le retour du messager.

J’ai suivi pas à pas votre réfutation du progrès. Je n’ai pas tout dit ; mais j’ai assez dit, je pense, pour montrer que ce que vous appelez un rêve mérite cependant encore quelque attention. Je n’en voudrais d’autre preuve que votre réponse. On ne réfute pas un rêve, on sourit et on passe. Un mot encore. C’est le dernier.

Je n’ai pas la prétention de vous ramener à ce que je regarde comme une vérité prouvée. Je sais trop bien, hélas ! par expérience, que la parole ne remonte pas,