Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il ne suffit pas aux millénaires de la décadence de prophétiser cette immense dislocation à un jour donné, et cette dispersion aux quatre vents de l’humanité ; ils doivent encore, en bonne logique, nous dire par quel bouleversement de la nature et par quel cataclysme ils conçoivent l’accomplissement de leur prophétie.

Les temps prédits de l’Apocalypse sont venus. Le Seigneur, las de nous, a jeté un dernier regard de pitié sur la terre parée de nos œuvres, couverte de villes, de coupoles, de palais, de villages, de fermes, d’usines, de routes, de ponts, de canaux, de ports, de parcs, de moissons, de rails, de télégraphes, de flottes, de caravanes ; il a murmuré en lui-même : Ces choses m’ennuient, elles semblent défier ma puissance ; et il a dit aux aquilons : Soufflez ; et il a lâché les trombes, et il a ouvert les cataractes du ciel, et des pluies de feu et de bitume ont ruisselé de toutes les profondeurs de l’atmosphère ; et la parure de la terre, cette création de seconde main que l’industrie humaine avait lentement déposée sur le sol siècle par siècle, a disparu en un jour comme Sodome et Gomorrhe. Il ne reste plus de la civilisation qu’une lave fumante, et sur cette lave, çà et là de pâles fantômes, autrefois des hommes, condamnés à errer et à chercher de ruine en ruine la place où était une société. J’imagine que l’homme aura survécu à l’embrasement général ; car s’il y avait péri, la question serait vidée.

L’homme a donc survécu mais le lendemain il re-