Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en revanche dans la réalisation des autres desiderata de la civilisation.

Ainsi, après l’invention de l’architecture, venait, par ordre d’importance, la découverte de la navigation. L’Égypte pouvait-elle faire cette découverte ? Non, puisqu’elle manquait de bois de construction. Cette gloire devait appartenir à une race campée à l’étroit, entre la mer et la montagne, et, faute d’espace suffisant pour la charrue, contrainte d’aller demander au commerce un supplément de nourriture. Cette race prédestinée devait trouver en outre sur les pentes de la montagne d’immenses forêts d’arbres gigantesques, siècles de végétation accumulés depuis la Genèse, de sorte qu’elle n’avait qu’à étendre la main pour puiser sans cesse des flottes sous ces ombres éternelles de verdure.

Est-ce tout ? Pas encore. L’homme n’amène pas à volonté le commerce sur un point donné, il le prend au passage lorsqu’il sait le trouver. Il fallait donc que la race appelée à naviguer un jour, c’est-à-dire commercer avec le monde connu, occupât une station intermédiaire entre les deux grandes nations du moment, l’Assyrie et l’Égypte, sur le parcours de toutes les caravanes de l’Inde ou en face d’îles et de cyclades, afin qu’à cette première heure d’inexpérience, le marin pût toujours suivre la côte et trouver partout un port de relâche. La Phénicie alla donc, poussée par le vent de la spéculation, essaimer çà et là des comptoirs sur le périple de la Méditerranée. Mais la presqu’île de Tyr, car, à l’ori-