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ple, en effet, dont le passé a jamais atteint le niveau actuel de la vie humaine en science et en sympathie, en industrie et en richesse ?

Nous pourrions borner là notre réponse. Nous aurions satisfait au devoir de la réfutation. Mais nous portons plus loin la sévérité de notre principe. Nous avons encore à prouver pour l’apaisement de notre conscience que chaque civilisation partielle avait sa raison logique de paraître à son heure et en son lieu, de faire ce qu’elle a fait, là où elle l’a fait et pas ailleurs, et de disparaître ensuite ou de rentrer dans l’ombre pour laisser à d’autres peuples, placés dans d’autres circonstances de géographie, la possibilité de tirer de ces circonstances mêmes de nouveaux développements pour l’humanité.

Une race, quel que soit son génie, a toujours, dans le sol tombé en son lot d’héritage, un collaborateur forcé de destinée. Si l’Angleterre, par exemple, pour prendre une démonstration sous la main, au lieu de siéger sur son profond soubassement de houille, trône du monde industriel par l’invention de la vapeur, avait campé sur le sable du Sahara, elle aurait évidemment traîné, par l’ingratitude de son territoire, malgré toute son activité innée, à l’arrière-garde de l’industrie. Appliquons ce principe à l’histoire de la civilisation, pour écrire en courant le sommaire d’un livre encore à faire : la géographie du progrès.

Voici l’homme au début de sa carrière, dans la vie