Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.

alphabet à l’aveugle, a rendu la parole au muet, et les a remis l’un et l’autre en communication, en sympathie avec l’intelligence et le cœur de l’humanité, nier la victoire du progrès sur la souffrance, sur l’infirmité, c’est nier en réalité l’œuvre du génie, c’est manquer de reconnaissance envers le génie. Connaissez-vous un plus grand délit contre le Dieu de toute inspiration ? Moins que personne, vous pouvez le commettre. J’en prends votre grandeur d’âme à témoin.

Quant à la prolongation de la vie sur cette planète, qu’importe, pourrai-je vous répondre, que l’homme vive plus ou moins longtemps ? Du moment que, pour vous comme pour moi, l’homme est un être immortel appelé à reparaître dans un autre monde et à progresser encore, il importe seulement d’améliorer notre âme dans le passage du berceau au linceul, pour retrouver cette amélioration de l’autre côté du tombeau. La durée de la vie sur cette terre, l’idée d’immortalité une fois admise, est donc une question secondaire, pour ne pas dire indifférente à la doctrine de la perfectibilité.

Eh bien ! cependant ici encore le fait repousse la doctrine de l’immuabilité, nommons-la de son vrai nom, de la fatalité. La statistique a constaté que partout où une commune, Genève, par exemple, a tenu régulièrement le registre de l’état civil, l’homme du dix-neuvième siècle avait gagné sur l’homme du quinzième siècle une prolongation d’existence de quatorze années, et, chose digne de remarque, dans ce recensement de la mort, la longévité