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avons les mêmes passions que nos pères, parce que nous avons les mêmes organes et que la même lutte établie en nous par la nature entre la raison, qui est l’instinct de l’âme, et les passions, qui sont l’instinct de la nature, rompt aussi souvent en nous qu’en eux l’équilibre sans cesse rompu par le mal, sans cesse rétabli par le bien pour se rompre encore. »

Je reconnais volontiers que l’homme, être double, homo duplex, est à la fois un corps et une âme, et sans appeler précisément la passion instinct de la matière, et la raison instinct de l’âme, définition à mon avis passible de révision, j’accepte pleinement que le corps et l’âme ont deux modes d’actions d’instincts, non pas radicalement hostiles l’un à l’autre, comme vous semblez le supposer, mais harmonieusement liés au contraire.

Vous m’accorderez bien en échange que le rapport du corps à l’âme a dû continuellement changer dans la longue évolution de l’humanité. Dès le premier jour, l’homme avait reçu de la main du Créateur son corps complet, définitif, complétement et définitivement approvisionné de tous ses rouages et de tous ses appétits. Par sa nature finie, conséquemment classée, il ne peut acquérir ni un organe de plus, ni un besoin, ni un membre, ni une fonction. Tel il a été, tel il sera, vous l’avez dit le premier. Je le redis à mon tour sur l’autorité de votre parole.

Mais en est-il de même pour l’âme, cette part en nous