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trancher du futur contingent. Il parle de liberté, d’humanité. Qui donc songe encore à la liberté, ou à un second avènement de la démocratie ? Cet homme prêche le vent, il parle par la fenêtre. Vous parliez par la fenêtre, en effet, et le vent portait votre parole, et le peuple vous entendait, et d’un bout à l’autre de la France, involontairement, tacitement, par une sorte de conspiration unanime et irrésistible, il vous nommait son tribun et il plaçait en vous son espérance.

À partir de ce moment, votre nom devint comme le rendez-vous de toutes les idées et de toutes les inquiétudes, et de toutes les recherches, et de toutes les souffrances et de toutes les tentations d’avenir. Vous étiez plus qu’un pouvoir, plus qu’un parti, vous étiez l’homme du peuple, l’homme peuple, passez moi l’expression et un jour quand la France s’ouvrit tout à coup comme par un tremblement de terre, et que trône, dynastie, armée, fantasmagorie, politique positive, politique pratique, tout roula, tout disparut dans le gouffre, la nation tomba dans vos bras en criant Sauve-moi et fais-moi à ton image. Vous l’avez sauvée ; vous l’avez regardée une minute, et vous l’avez éblouie de votre regard. Jamais elle n’a battu d’un cœur plus noble qu’à ce moment-là, et donné au monde un plus grand spectacle.

Quand bien même vous auriez forcé le pas du siècle à la révolution de Février, vous n’en avez pas moins voulu accomplir et accompli en réalité le progrès ; car