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la cathédrale, la suprême formule de l’architecture. Voilà le progrès, car le progrès ne consiste pas, comme on semble le croire trop souvent, à atteindre dans l’ordre simple une sorte de perfection relative, mais bien à poursuivre dans l’ordre complexe le plus grand nombre d’impressions possibles, et à faire, pour ainsi dire, le circuit de l’âme humaine, en parlant à tous les sens à la fois et à toutes les facultés.

Vous croyez pouvoir affirmer que tous les arts dans le même pays et au même siècle prennent naturellement, nécessairement le même niveau. L’histoire cependant refuse de vous suivre dans cette hypothèse. Qu’est-ce que la sculpture, par exemple, en Égypte, comparativement à l’architecture ? un signe, une convention, un hiéroglyphe, mais jamais un art marqué au véritable cachet de la nature. La Grèce a eu la première la gloire de trouver la formule dernière de la beauté humaine dans la sculpture ; elle trouva aussi, il faut l’avouer, toute facilité pour cette œuvre dans le symbolisme particulier de sa religion. La statue d’abord avait seule droit, d’après la liturgie, à représenter la Divinité, et ensuite, comme la divinité païenne divergeait à l’infini en une innombrable quantité de dieux, de déesses de toute espèce et de toute nature, la statuaire avait ainsi une inépuisable profusion d’œuvres de tout genre et de tout type à reproduire du haut au bas de l’Olympe. La Grèce a donc touché du premier coup, je le reconnais volontiers, le sommet de l’art dans l’a-