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Voilà comment, dominée par le fait existant, la science politique comprenait de l’autre côté du christianisme le rapport de l’homme avec l’homme dans la cité, et de l’homme avec la femme dans la maison. Comprenait-elle avec plus d’équité le rapport extérieur de race à race, et de société à société ?

L’histoire répond à la question par un long cri de pillage et de carnage. Un peuple croyait d’autant plus gagner en richesse qu’il ravageait plus à fond le territoire étranger. Aristote classait le pillage parmi les modes légitimes d’acquisition et les moyens de richesse, sans soupçonner un instant que la dévastation du vaincu appauvrit en réalité le vainqueur, et que la stérilité d’un territoire réagit sur l’autre par une conséquence forcée, et qu’en coupant ici la production à la racine la guerre supprime une occasion d’échange.

Et maintenant voyez si nous avons une doctrine plus savante, plus rationnelle que cette théorie de force et de hasard sur le rapport de l’homme avec l’homme devant la cité, de la femme avec l’homme au foyer, et du peuple avec le peuple dans l’humanité. Il suffit pour cela de comparer notre code à n’importe quel autre code antérieur, fût-ce le Deutéronome, et notre droit international actuel avec l’implacable vœ victis de Brennus, droit courant de l’antiquité. Le siècle sans doute a encore beaucoup à gagner, beaucoup à conquérir encore sur les préjugés du passé, égarés et attardés dans notre civilisation. Mais nous pouvons prendre