a ignorées ou tout au plus effleurées. Les savants de nos jours ont démonté le mécanisme du corps pièce à pièce, nous en avons touché les poids, compté les rouages ; nous savons aujourd’hui à travers quelles incubations silencieuses le fœtus arrive successivement, comme par une sorte de répétition occulte du drame entier de la genèse, du dernier degré de l’échelle à l’état de chef-d’œuvre vivant de cet univers. Nous pouvons dire par quelles écluses le sang précipité dans l’organisme, et enflammé au contact de l’oxygène, circule indéfiniment, pour entretenir partout, réparer partout et partout réchauffer la vie sur son passage. Nous avons appris de la physiologie par quels innombrables méandres le fluide nerveux porte l’injonction du mouvement, du cerveau à chaque membre, et la sensation, de chaque membre au cerveau. La science de l’homme a deux pôles, le corps et l’esprit ; en connaissant mieux un des deux termes du problème : le corps, nous avons pu définir avec plus d’exactitude l’autre terme : l’intelligence, et placer la borne entre ces deux mondes avec plus d’équité.
Quant à l’homme moral, Dieu me préserve de dire que l’antiquité ait méconnu le signe sacré qui fait de lui le reflet vivant de Dieu sur la terre. Certes Platon a mis le premier l’âme assez en évidence, pour qu’aucune objection désormais ne puisse l’atteindre en elle-même dans son essence ; mais ébloui de ce premier éclair de vérité, il a supprimé le monde en quelque sorte, mis parfont l’idée à la place de la réalité, et fait de l’infini