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cité, cette création d’hier, mise en mouvement par le génie humain ; quand la terre, remuée de fond en comble, et ébranlée comme par la secousse d’une âme nouvelle ; quand tout cela conspire fatalement pour la liberté, apporte à la liberté une force à briser la planète, c’est ce moment-là, homme de peu de foi, que vous choisissez pour douter de l’avenir, pour ramener votre manteau sur la tête, et dire comme cet autre vaincu : Mourons.

Vous regardez l’heure de votre pendule, et qu’est-ce donc qu’une heure dans la vie d’une nation ? Quant à nous, nous sommes tellement certains de la victoire du droit par la seule force des choses, sans l’assistance d’aucune autre force, que nous remettons la cause de l’Europe à Dieu et que nous attendons en silence. Mais voyez donc le pas que l’Europe a fait dans une vie d’homme, par la seule puissance des principes latents, et nous appelons principes latents tous les progrès, tous les travaux de la société, les travaux de la main aussi bien que les travaux de la pensée.

Immédiatement après la funèbre réaction à main armée de la monarchie contre la révolution, l’Europe dort sous la main de fer de la sainte alliance. À peine la France, et la France c’est l’Europe en fait de liberté, compte-t-elle un petit groupe d’idéologues, derniers survivants de la révolution, fidèles quand même à son immortelle devise. Quinze ans après, le groupe est toute la bourgeoisie. La pâte a pris le levain. Quinze ans après