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construction des barricades ; et le journal conservateur ajoute :

« Il fut emmené et fusillé avec dix-huit gardes nationaux. »

Rue du Cherche-Midi, un malheureux venant du côté de Montparnasse, et qui pour son malheur portait, avec la blouse, le pantalon de garde national, est saisi, fusillé, et son cadavre est resté longtemps sous une porte cochère, près du coin de la rue d’Assas.

Un sous-officier de marine m’a raconté que rue Notre-Dame-des-Champs, il y avait, sur le passage des marins, un concierge sur sa porte. Je ne sais pourquoi on l’arrêta, on le remit à la troupe qui suivait pour le conduire à la prévôté. Celle-ci le prenant pour un grand coupable, le fusilla.

Quand la troupe arriva dans le quartier, on lui avait dénoncé (personne n’a jamais su pour quel motif) un marchand de comestibles de la rue Vavin, qui distribuait à sa porte, sous le premier siège, des gamelles de soupe gratis[1]. C’était un homme énormément ventru, qui n’avait jamais fait le service de garde nationale. On l’arrête, on l’emmène : arrivé au boulevard Montparnasse, il s’arrête, jette son chapeau à ses pieds d’un mouvement de dépit, dit : « J’aime mieux en finir de suite » et se colle au mur. On l’a fusillé.

L’épisode le plus terrible de la prise du VIe arrondissement est le massacre du séminaire Saint-Sulpice.

J’oserais à peine le raconter, si je n’avais des garants irrécusables. Parmi les témoins qui m’ont fourni des détails précis sur cet événement, deux étaient aides-majors à l’ambulance : aucun n’avait de sympathie pour

  1. J’ai reçu, après la publication de ces détails dans la Justice, une lettre confirmant le récit de cette exécution en me donnant d’intéressants détails sur la victime.