Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi des cadavres. » On le regarda de travers sans mot dire. Un autre murmura à côté de moi : « C’est un agent provocateur. » Et l’on se dispersa bien vite, tant on avait peur que la police ne fût là à guetter un mot ou un geste de pitié pour les morts !

Tel était le milieu que traversaient les soldats : il semblait qu’il n’y eût, dans tout ce qui avait touché à la Commune, ou dans tout ce qui était soupçonné d’y avoir touché, ou dans tout ce qui était dénoncé sous ce prétexte, que des animaux nuisibles à exterminer.


XIII

LA RIVE GAUCHE. — LA MORT DU DOCTEUR FANEAU

À dater du mercredi, l’armée avança rapidement : sa route fut marquée par des cadavres.

À l’extrême droite, combat et massacre. Le Moniteur universel dit :

« Les insurgés ont subi des pertes énormes avant d’évacuer la Butte-aux-Cailles en avant d’Ivry. »

Ce n’étaient pas des pertes subies pendant la lutte. Un soldat de la ligne, qui était à l’affaire, m’a assuré qu’il y eut là une des plus fortes tueries de la semaine : on fouilla toutes les maisons, on tira des caves les gens qui s’y étaient cachés pour ne pas se battre ; on ne fit point de quartier.

Le Petit Moniteur du 29 dit :

« Trois cents fédérés qui s’étaient retranchés dans le cimetière, ont été cernés et fusillés.

» À Montsouris, jeudi et vendredi, leurs pertes ont été si graves, que jeudi et vendredi on emmenait des omnibus pleins de cadavres.