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Il y a en pareil cas, une terrible réciprocité entre les excès commis par les deux partis. L’incendie répond au massacre : le massacre est doublé par l’incendie. Le lecteur pourra en juger dans la seconde période que nous allons aborder : c’est-à-dire dans les deux ou trois jours qui suivirent, jusqu’au moment où l’insurrection enfermée entre la Bastille, la Seine et les fortifications, livra là son dernier combat. La prise de cette dernière forteresse de la Commune forme elle-même la troisième période de la semaine.

À dater du mardi, le massacre devient trop vaste pour que nous puissions continuer à l’examiner quartier par quartier. Il faut classer l’extermination. Je raconterai successivement les tueries après le premier moment du combat, les exécutions éparses qui suivaient les fusillades dans les endroits spécialement réservés au rôle d’abattoirs, les cours prévôtales plus ou moins organisées et enfin le voyage des prisonniers à Versailles, et leurs épreuves à Satory.


XII

« QUÆQUE IPSE MISERRIMA VIDI »

L’exposé tout sec des exécutions ne se comprend pas, il faut l’entourer des circonstances qui l’expliquent. Les témoins oculaires savent seuls quelle part les épouvantes de la guerre civile et les cris sauvages de la foule ont dans les cruautés de la victoire ; — quelle perversion des sentiments d’humanité subissent toutes les natures excitables ; — à quel point, dans la stupeur de tels désastres, la vie d’un homme paraît chose futile aux bourreaux et aux victimes ; — comment, enfin, le sens