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une fureur aveugle s’empara d’eux, et alla toujours grandissant.

Le mardi, vers le soir, les premiers incendies étaient allumés rue Royale et rue de Lille ; puis les Tuileries brûlaient ; puis le Palais-Royal, la Préfecture, le Palais de Justice, l’Hôtel de Ville ; les flammes jaillissaient de tous côtés, et une pluie de cendres et de paperasses brûlées allait tomber sur toute la banlieue. Des Parisiens commettaient ce crime énorme de brûler Paris.

Dans la nuit du 23 au 24, Raoul Rigault fait exécuter à Saint-Pélagie Gustave Chaudey et quatre gendarmes. Mais les fédérés ont encore horreur du crime auquel il les oblige. Ils refusent d’abord, essayent de tirer à côté.

Dans la nuit du 24 au 23, les otages sont fusillés à la Roquette : déjà les exécuteurs n’hésitent plus.

Le 25, avenue d’Italie, on fusille, dans une scène affreuse, treize religieux ou laïques appartenant à la maison des Dominicains d’Arcueil ; et la foule prend part au massacre.

Le 26 a lieu l’horrible tuerie de la rue Haxo, qui fait quarante-sept victimes. Le massacre continua le 27.

On peut suivre dans les incendies et dans les fusillades la sinistre progression de la rage désespérée des vaincus à mesure que le cercle d’extermination se resserre sur eux.

Il n’entre pas dans mon cadre d’examiner en détail ni ces exécutions, ni les incendies. Il y aurait pourtant, sur ces derniers, bien des vérités neuves à dire. Quelle a été la part de l’insurrection ? Quelle a été celle d’excitateurs appartenant à d’autres partis ? Quelle a été celle des haines ou des intérêts privés ? Quelle a été enfin la part de la folie contagieuse qui a sévi dans la foule au milieu de ce bouleversement affreux ? Ce serait le sujet d’une étude spéciale. Je ne veux pas l’aborder ici.