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pale cause de la guerre, se distingue maintenant par sa férocité… »

Et, le même jour, un des leading articles contient le passage suivant :

« Les menaces du gouvernement de Versailles, les récits apportés à Paris de l’exaspération de la foule aux environs, remplissent l’armée de la Commune de la conviction qu’il ne lui reste plus qu’à mourir. Quand la véritable histoire de cette semaine sera connue, il sera prouvé, à notre avis, que les insurgés ont raison de penser de la sorte. La férocité déployée des deux côtés n’a jamais été dépassée même dans les annales de Paris… »

Ainsi parlaient des témoins ou des écrivains bien informés, étrangers à toutes les passions de la guerre civile, et n’ayant d’autre intérêt que de renseigner exactement leurs lecteurs.

Jetons un coup d’œil en arrière :

Nous avons vu l’armée, à peine entrée dans Paris, fusiller ou les vaincus, ou les « suspects » ; fouiller les maisons ; diriger sur Versailles d’énormes convois de prisonniers, et cela de parti pris, en vertu d’ordres précis, sous les yeux et par la volonté des chefs, alors qu’il n’y avait encore du côté de l’insurrection, ni incendie, ni massacre dans les prisons.

Cependant elle avançait lentement, très lentement : arrêtée pendant deux jours au centre, devant la place de la Concorde et la rue Royale ; s’étendant aux ailes, à Montrouge et à Montmartre ; formant la moitié d’un cercle qui se resserrait graduellement, laissant derrière lui le sol jonché de cadavres.

L’autre moitié du cercle était formée par les Prussiens.

Dès l’entrée des troupes, ils coupaient les communications, élevaient des barricades, mettaient des postes partout. Ordre de tirer sur quiconque essayerait de fran-