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la mairie, à l’heure où nous allions nous retirer, le chef de service fut appelé par le délégué civil versaillais. Défense fut faite aux soldats de laisser sortir qui que ce fût. Le chef de service revint livide, disant : on va tous nous fusiller. C’est ce qu’on avait fait la veille, à la mairie des Batignolles.

» Nous fûmes sauvés par les sentiments d’humanité du colonel Périer, qui commandait à Montmartre. »

Voilà combien d’alertes ont traversées ceux qui ont survécu.


IX

MONTMARTRE
(suite)

Le récit d’un prisonnier, M. S…, donne bien la physionomie de Montmartre, lors de l’entrée des troupes : celui-ci avait boutique dans le quartier. J’ai sous les yeux le récit manuscrit, fait par lui-même, de ses tristes aventures. Je suis ce récit pas à pas.

Il était resté enfermé chez lui pendant le combat. Vers le soir, un sergent, suivi de ses soldats, frappe à la porte de la boutique, menaçant de l’enfoncer. M. S… enlève les volets. Les soldats entrent furieux, dans toutes les pièces de son logement. Le sergent lui dit qu’il venait de trouver son nom à l’état-major de la 18e légion. Quand l’armée arrivait dans un quartier, on cherchait ainsi à découvrir les suspects. Un nom, une adresse sur une liste pouvait coûter la vie. M. S…, après le 4 septembre, avait fait partie du comité d’armement. C’était son crime.

Le sergent se mit à fouiller les papiers, les hommes