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gulièrement douloureux de réveiller ces souvenirs atroces ; et quelque nécessité qu’il y ait à faire la lumière, bien souvent la plume se refuse à transcrire les témoignages les plus précis et les plus positifs.

À Montmartre, on tua partout.

Tuerie rue des Abbesses, au coin de la rue Germain-Pilon. Autant de défenseurs de la barricade, autant de cadavres.

Tuerie rue Lepic, en face de la rue Tholozé. Le long de la maison portant le no 48, vingt corps restent alignés sur le trottoir.

Tuerie place de la Mairie. Les fédérés qui se trouvaient là sont percés à coups de baïonnette.

Tuerie rue des Poissonniers.

Tuerie au Moulin-de-la-Galette. Les gardes nationaux y sont surpris, cernés, désarmés. On en exécute quelques-uns sur place ; les autres sont emmenés au sommet de la butte, versant nord, sur l’emplacement d’une batterie destinée, pendant le siège, à contre-battre les batteries prussiennes de Stains, et y sont fusillés.

Tuerie au Château-Rouge. — On portait les cadavres dans la cour d’une école voisine, où l’on avait installé une morgue. Un témoin a compté cinquante-sept cadavres en une matinée. « Je me rappellerai toujours, m’écrit-il, un vieillard dont la poitrine était criblée de trous de balles. Il avait un chien qui ne l’avait pas quitté et qui l’a suivi en poussant des hurlements qui nous déchiraient l’âme. Nous avons eu pendant deux jours ce triste tableau sous les yeux,

« Les fédérés pris étaient fusillés le long d’un des murs de l’école. Les traces des balles s’y voient encore. »

Tuerie dans un petit enclos, rue des Carrières. On avait pris, dans la même rue, treize des défenseurs de la barricade, dont deux blessés. On les conduisit là. On les