Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sous la Commune, on avait cherché à Versailles ce que pouvait être cet inconnu du nom de Billioray, qui était devenu un des maîtres de Paris. On s’était rappelé qu’il y avait un joueur de vielle connu sous le même nom. Bien que ce joueur de vielle n’ait été mêlé en aucune façon aux événements de 1871, on s’obstina, malgré toutes les dénégations, à confondre les deux personnages. Cela donnait matière à des considérations et à des plaisanteries auxquelles il eût été pénible de renoncer. Un mendiant devenu un des dictateurs de Paris ! Cette fable fit fortune. Tout Versailles la tenait pour vraie.

Aucun des Billioray fusillés n’était le membre de la Commune, cela est bien certain. Le membre de la Commune comparut, avec ses collègues, devant la justice militaire. Il est mort récemment à la Nouvelle-Calédonie.

Le joueur de vielle fut-il victime de la méprise qu’on avait propagée sur son nom ?

Je lis dans le Siècle du 11 juin (vingt jours après les deux exécutions) :

« M. Leclerc (Charles-Théodore), connu sous le nom de Billioray le joueur de vielle, nous prie d’annoncer qu’il n’a rien de commun avec le membre de la Commune Billioray. Depuis le 26 mars il habite Lagny, et n’a pris aucune part aux événements de Paris. »

Au mois de juin, l’Avenir national, le Siècle et je crois les Débats, donnaient les détails suivants :

Le 26 mai, un individu assez bien mis passait avenue de la Bourdonnaye. La foule crie : « C’est Billioray. » Une patrouille du 6e de ligne le mène à l’École militaire… On le garrotte : on le fusille à bout portant. Le soir, le cadavre était envoyé Issy pour y être inhumé.

Le caporal de l’escorte disait, en montrant le cadavre :