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toire de fonds dont il pouvait indiquer la cachette, mais il ne l’a pas terminée. Il parlait de 2,500,000 francs, puis il s’est interrompu pour me dire : « Je vois bien que vous allez me faire fusiller, c’est inutile que j’en dise davantage. »

» — Je lui ai dit : « Vous persistez ? « — Oui ». Il a été fusillé. »

Ainsi voilà comment les choses se passaient.

Qu’on y songe bien : nous en sommes encore à la journée du mardi 22 mai ; pas un des otages n’a péri ; aucun incendie n’a été allumé ; sur aucun point, le combat n’a pris un caractère d’atroce acharnement. Depuis deux jours, la troupe remporte, sur les fédérés débandés, de faibles victoires : c’est à peine si, à cette date, une centaine de soldats a succombé.

On amène un prisonnier qui n’était pas un combattant. C’est un passant qu’on a arrêté. Il est conduit devant un officier qui ne se bat point ; devant une sorte d’enquêteur militaire, représentant l’autorité supérieure ; la foule croit que le prisonnier est Billioray ; il se débat, il blesse ceux qui veulent se saisir de lui ; il crie qu’on se trompe, qu’il n’est pas celui qu’on croit ; on ne sait rien de plus ; on n’obtient de lui rien de précis ; et l’officier d’état-major chargé de recevoir et d’interroger les prisonniers le fait exécuter immédiatement !

Un témoin oculaire, qui se trouvait alors à l’École militaire avec une situation officielle, a raconté à un de nos amis un fait qui me paraît se confondre avec celui-là. Ce témoin a vu exécuter, au même endroit, un homme qu’on disait être Billioray. Il portait une blouse. Il se débattait désespérément. On hésitait. Un agent de police se jette sur lui, regarde la poitrine du malheureux comme s’il y cherchait une marque, dit un mot, et l’homme est fusillé. On a trouvé sur son cadavre